Le principe de l’exercice, pour cette vingt-septième ronde, est d’isoler une seule phrase dans chacun des textes des participants des dix premières rondes, chronologiquement depuis décembre 2012 à novembre 2014, de la conserver telle quelle, en respectant les capitales, les majuscules et la ponctuation, et de retranscrire le tout dans le bon ordre, en dix paragraphes.

Il en résulte un cut-up qui, tiré par les cheveux, certes, compose comme un dialogue entre les premiers textes de la ronde. Ce cut-up peut d’ailleurs lui-même se lire comme un dialogue.

Le choix de se limiter aux dix premières rondes est motivé par le souhait de ne pas être trop envahissant dans un seul billet. Il n’est pas exclu de répéter l’exercice une prochaine fois avec les rondes ultérieures, si le thème s’y prête, bien sûr…

 

 

Mon visage fait partie du décor.
— c’est mieux au fond que tu n’aies pas pris l’image des tableaux, avec le temps ils prennent en toi une importance qui est celle de tous les souvenirs
Oh, rien de nouveau dans tout cela,
C’est juste une méthode

Je n’aime pas les départs, ce que j’aime ce sont les arrivées.
Un long voyage, des dangers.
À l’épaule un sac d’osier pris la veille au grenier.
Vais-je prendre le bon ?
Il serait plus judicieux de simplement se laisser aller, se perdre dans ces yeux.
Sur cette route, elle posait des repères, adoptait des arbres qui lui faisaient une autre famille, imaginaire, dans le silence du voyage.
Je n’étais pourtant pas avare de douceur, d’écoute, de caresses aussi.

On a fini par trouver, au vrai c’était un coin paumé.
À 21 heures je franchis le seuil baigné d’une lumière chaude, carnet à la main, appareil photo en bandoulière.
Elle m’attend sur le seuil.
Des lumières rouges clignotent le long de notre descente et la chaleur se fait plus épaisse.
Elle a devant elle une journée à passer.
Et puis ce n’est pas un roman.

Une occasion pareille ne se présente qu’une seule fois dans la vie.
« Je vous montre la nuque ? »
Une soif inextinguible.
Curieusement, la cuisine est faite à l’huile d’olive.

Hep ! mon p’tit poussin ! Viens par ici que je te caliborgne, te reluque, te mate, te zieute… !
Instant figé des passants en arrêt devant sa mine déconfite.
Il dit que tout va bien et que c’est juste une question de regard.
C’était se moquer de la force des images.
Le regard se dirige quelque part, observe à l’extérieur de soi.
Deux squelettes se disputant un hareng.
— Jusqu’à vous submerger.
S’éloigner pour quelques jours.
Au retour, fiévreux, j’ai dormi trois jours de suite.

Je ne vois presque plus rien que la lumière,
— La lumière est un roseau…
C’est le feu du Soleil d’un astre la brillance
— si on parlait de vive-mort
au-delà des barreaux, une fin
un mariage réussi
À quoi bon s’entêter ?
Les chants cessent, la peur fait battre les cœurs dans les poitrines et les oreilles.
J’ai oublié

Je sens sur mes épaules une armée minuscule au garde-à-vous, puis cette envie de rugir, de courir, de rire.
— Embrasse ce qui t’entoure
et que ça devrait frémir au-dedans
Dès mon retour à la maison je suis allé au jardin.
Mais, à cause de la pluie, elle n’y était pas descendue ce jour-là.
Le chat, peut-être, saurait.
Et ce fut long d’écrire toutes ces pages.
— Tu ne crois pas aux miracles ?

Les pieds nus plantés dans l’herbe folle
Elle ferme les yeux.
à tire-d’aile ils vont par-delà les frontières
Ce tableau-là fit jaillir les larmes retenues en silence.
l’eau suit son cours, un nuage s’effiloche,
Que craignez-vous ?
Je voulais contempler l’azur

Il est des villes où toujours on revient.
La première n’était pas parfaite.
Les métropoles sont des nécessités capitales, destinées au repos, à la toilette, à l’amour des voyageurs.
Dans la rue des odeurs de kebab
Une femme nue implore le ciel
Hélios est de plomb
On pousse la porte avec respect
Devions achever l’acte en quittant ta demeure

Les dimanches d’hiver, la route devenait périlleuse sous la tourmente.
Treize ans déjà,
Nous voici à trois jours de notre mariage et, une fois de plus, je ne suis pas au rendez-vous.
Seul au milieu d’un tourbillon de mots
Et mon œil batifole avec les feuilles
Froissées comme un visage
La plus vieille forêt là-bas s’y développe
mais je ne suis pas sûr
Tu entends, là ?