À Ouistreham, à Riva-Bella, les plantes de pied et tous les orteils font connaissance avec le sable, jusqu’à l’épouser dans la lise. Le reste du corps, sobrement dénudé, s’offre et ment gentiment. Vous avez vu, la mer est loin c’est marée basse, un vrai finisterre… il faudrait presque courir, et les vagues de la Manche, toujours couleur de vase profonde ! Mais l’eau est chaude, c’est incroyable comme c’est bon tout d’un coup : marcher loin dans l’eau jusqu’à la taille, jusqu’aux cuisses, à la poitrine et jusqu’au cou.

Après trempette et quelques brasses, c’est le spectacle de nos mêmes à un poil près, petites gens par ici venues de Caen, et d’ailleurs, à faire passer le temps chacun à sa manière, gros ou mince ou droit ou bancal, on partage qui sa bouée qui sa serviette qui un seau qui un livre (avec l’aide de deux ou trois dames patronnesses au verbe haut et à la poigne franche). On vide ses poches pour une glace « italienne » et c’est la riviera tout craché : l’odeur de la mer à l’estomac coule par les oreilles et par les yeux. Les nuages ? Oh, simples petites dunes du vent qui passe, autant d’images comme autant de souvenirs retrouvés, ou des neufs à conserver pour une autre fois.