Les âmes marines, en suspension éphémère sur la dune au souvenir des années soixante-dix, vigies sur le rien comme un balcon en forêt, en apparence, ou comme le refuge obligé avant la conquête d’une montagne, ou au retour. Des traces sur le sable attestent une fréquentation ponctuelle et passagère à l’abord des rangées de pieux (en protection contre le chagrin d’avoir décliné si vite, comme une fleur de pavot fanée sécrète son latex ?)
Une femme à l’abri du vent derrière une palissade faisait du tricot, futur pull marin brodé de grains de sable, à n’en pas douter, ou bien le petit paletot à l’adresse du nouveau-né, la création d’un souvenir à transmettre : c’était là.
On reviendra peut-être cet été, il y aura sans doute du beau monde (et quelques gens perdus), à moins qu’une tempête de mars ne pulvérise les derniers sursitaires, auquel cas il faudra se reconstruire, souvenir vague et vagabond (ici j’imaginai Charles Trenet en short et marinière courant pieds nus sur le sable, les bras écartés comme les ailes d’un avion, ce que les photos ont du mal à exprimer sans sourire d’elles-mêmes).
Entre souvenirs, traces, tricot, et une certaine mélancolie… un beau moment.
Et ces photos me touchent, encore plus par cet usage très réussi du monochrome.
Je reconnais avoir un petit faible pour ce travail lent et sensible, et merci à vous pour la mélancolie, état d’esprit qui ne l’est pas moins (lent, et sensible).
Toujours cette lumière dans vos phrases et dans vos photos où l’on se plaît à flâner. Comme un avant-goût d’été et de la paix que seule la mer peut offrir.
Merci pour tout cela.
Et merci à vous d’avoir pris la peine de ce petit détour ! 🙂
En marchant, en écrivant, ça gracque sous les yeux, le sable s’égrène, les cabanes abritent des souvenirs de vent essoufflé et de nuages effilochés.
Belles ombres non encore avalées par la mer qui s’acharne mais court après le soleil, la lune (et peut-être maintenant, derechef, “la planète rouge”)… 🙂
On imagine déjà, par anticipation, des néo-martiens propriétaires d’un lopin s’insurgeant en masse de l’inaction de la NASA et Cie, lorsque des tempêtes de sables étoufferont obstinément ladite propriété ! 🙂
Merveilleuses photos de ces dunes défendues par de si faibles poteaux que le vent intraitable et le sable mouvant finiront par coucher. Rien à voir avec ces pieux malouins (les bois plantés de la plage du Sillon, pas les habitants de la cité corsaire) qui brisent les vagues toujours près d’engloutir à chaque tempête les belles maisons qui font front et résistent à la furie marine. Tes mots sont nourris de douceur et de cette mélancolie servie avec une tendresse dont on ne se lasse pas. Ton regard nous enchante. Toujours.
C’est assez vagal et parasympathique, tout cela.
L’orthorexie horizontale des pieux présente le charme de ce qui divague.
À vous lire, chère Armelle, je me précipite illico sur le Dictionnaire… amoureux des dictionnaires ! … du regretté (mais époustouflant) Alain Rey, of course ! 🙂