Les âmes marines, en suspension éphémère sur la dune au souvenir des années soixante-dix, vigies sur le rien comme un balcon en forêt, en apparence, ou comme le refuge obligé avant la conquête d’une montagne, ou au retour. Des traces sur le sable attestent une fréquentation ponctuelle et passagère à l’abord des rangées de pieux (en protection contre le chagrin d’avoir décliné si vite, comme une fleur de pavot fanée sécrète son latex ?)

Une femme à l’abri du vent derrière une palissade faisait du tricot, futur pull marin brodé de grains de sable, à n’en pas douter, ou bien le petit paletot à l’adresse du nouveau-né, la création d’un souvenir à transmettre : c’était là.

On reviendra peut-être cet été, il y aura sans doute du beau monde (et quelques gens perdus), à moins qu’une tempête de mars ne pulvérise les derniers sursitaires, auquel cas il faudra se reconstruire, souvenir vague et vagabond (ici j’imaginai Charles Trenet en short et marinière courant pieds nus sur le sable, les bras écartés comme les ailes d’un avion, ce que les photos ont du mal à exprimer sans sourire d’elles-mêmes).