Un parasol orange — son ombre tourne en fonction des marées — réverbère les ions négatifs. Une bicyclette fait cui-cui en roue libre dans la rue. Un taon éternue : faute d’abeilles, les pollens se débrouillent tout seuls depuis la dernière extermination. Le mur à pêches n’en rate pas une, dans ses crevasses la mousse caramélise en galettes dorées. Grosso modo la vie va comme elle peut, les oreilles verdoient et les yeux s’entourterellent. L’épouvantail plié de rire applaudit de ses deux manches aux revers aristocratiques. Le prunier tend la branche à l’appel d’une pie attirée par les coups de cinq heures. Le vent se lève dans la vague de l’angélus, mot désuet beau lui aussi comme un nuage isolé. La myopie érotise une nudité rose recluse au fond du jardin, frénétique agitée sur la serviette éponge et sous le martinet d’un taon. Vu d’ici, on dirait un battement de cœur tachycardique. Le thé a un goût de vieille sorcière, vite une bouteille de Saint-Amour fait boum, autant mon coeur fait boum boum, oh zut à la fin tous ces taons. Un camion de marque Pinder ou Zavatta remonte la rue en haut-parlant la venue prochaine des lions et des antipodistes dans votre jardin. Il n’est pas fait mention de nains voltigeurs ou de sœurs siamoises acrobates. Sept mois d’eau fraîche attirent les orteils qui gloussent de plaisir, lèvres retroussées comme des vers à soie sous le mollet d’un blanc nubile. Les tâches de rousseur s’affolent en foule sous les trous mécaniques du chapeau de paille d’occasion. Quelle douceur, s’il était pour le moins permis d’embobiner les taons.