« Depuis presque des siècles je suis cet homme encadré par une fenêtre
et dont le regard croit se confondre avec la vérité.
Il la prend contre lui,
s’étonne de n’y trouver nul parfum de plus qu’au jour.
Le ciel est d’une simplicité telle
qu’il détruit les embruns de colère,
n’admet d’autre majesté
que celle de flamber sur les têtes et les noms qui peuplent la terre.
Comme je suis touché par cette maladresse
superbe
d’être un vivant pourvu de mots !
Comme j’admire la moulure qui sertit d’intelligence une fenêtre !
Louange aux quelques heures où s’arrondit le soleil.
Et que la pitié monte des herbes couvrant les morts. »
Jean-Luc Steinmetz, extrait de “Aujourd’hui de nouveau”, Éditions Ubacs, 1990
Vont suivre huit photos prises sur la plage de Jullouville, dans la Manche, dimanche dernier 27 février.
Il y avait des bleus, forcément, des bleus clairs et des bleus profonds. Et du sable, pour mémoire.
Certains détails faisaient penser à une toile d’Edward Hopper. Certaines personnes aussi. Je ne saurais dire, mais peut-être est-ce la raison pour laquelle, au moment de revenir, retournant vers le sud, plein soleil trois quart droite, louvoyant parmi les petites mythologies dérisoires indissociables d’un tel lieu, je me rappelai les premières tentatives d’apprendre à peindre, dans la classe de l’école primaire.
De prime abord, justement, à de rares exceptions près tous les enfants sont égaux devant cette découverte. Quels que soient l’outil et le procédé, un bâton, un pinceau, les doigts (même les doigts) ; la gouache, l’aquarelle, les feutres (même les feutres) ; quoi qu’on fasse, même les moins malhabiles d’entre nous arrivaient au même résultat : lorsque sur le papier les couleurs se frôlent, s’épousent, il se passe quelque chose. Il en résulte une nouvelle couleur. Ainsi du bleu et du jaune, qui donnent naissance au vert. Il y avait des verts tendres, des verts d’eau, des verts fuligineux, des verts indécis, mais du vert.
Mais ici rien de tel. Le bleu du ciel garde ses distances avec la plage C’est lorsque le soleil disparait derrière la brume que le bleu délavé du ciel inonde la grève. Et alors tout devient lumière.
L’autoradio a décidé de nous faire entendre une vieille chanson de Michel Delpech, dans l’espoir sans doute de nous remonter le moral. Chacun, prudemment, faisait silence. Le souffle coupé, va savoir.
Ah ! la mer. De l’y voir trop peu.
Et d’y vouloir le monde
sans rien d’autre que lui.
Merci, Dominique.
Pendant ce temps ici,
combien de fois par jour
la neige se fait bleue.
Petite Nation s’endort ou s’éveille souvent en bleu, on l’entend bien même chez vos photos monochromes, Caroline.
Pas dérisoires
Mais essentielles
et tout était dit même ce qui n’était pas formulé
merci pour cette plage d’enfance partagée qui console un peu
Le jaune et le bleu sont des couleurs soudain devenues premières, rien n’y échappe mais les bombardements sur des châteaux de sable ne laissent que le sourire sardonique d’un Poutine tirant les dernières cartouches de son règne absolutiste.
La mer Noire engloutira un jour sa prétention mortifère et les promenades au son des vagues remplaceront le bruit de ses canons rouillés. 🇺🇦