Il y a quelque chose en arrière. Dans le temps. Peut-être Quimper. Ou bien Tours, ou Angers, Clermont-Ferrand, pourquoi pas. C’est au fond de la tête, pas vraiment sur le bout de la langue. Mais non, cela ne vient pas, et pourtant le temps presse désormais. Ou bien on n’en saura jamais rien, et ce ne sera pas plus mal. Mais au fait, ne serait-ce pas une sollicitation métaphorique, un truc bizarre du cortex, on se surprend parfois à rêver éveillé. On était tous les deux en tout cas. Voilà, on était tous les deux. Et si c’était Marseille ? Si c’était Marseille, alors ce serait encore plus compliqué, le souvenir d’une photo en noir et blanc sur le port, une année où je ne vivais pas. Ou bien la reproduction d’une gravure sur une assiette décorative, dans le vaisselier d’une tante oubliée ?

Puisque j’étais bien avancé, au sens propre comme au figuré, alors j’ai fait le tour, délicatement.

Décidément, rien. C’était peut-être juste dans un livre. Le grand Larousse du XXème siècle en je ne sais combien de volumes, ou un livre d’images de Sélection du Reader’s Digest (un pléonasme, non ?)

Quoi qu’il en soit, et s’il s’agit d’une personne que j’ai aimée (une personne physique, en langage international), pour cet oubli, pardon. Ou merci. Avec un peu de chance, elle vit encore, et puisque le compte à rebours s’affole, une fois encore : merci.

Hier soir, il y eut un concert d’Anne Paceo au théâtre. En préambule, le directeur du festival, Denis Le Bas, nous faisait part de ses interrogations à la veille de l’ouverture des réservations. Contingents de places, déprogrammations, comme partout ailleurs sans doute, le même doute plane, et continuera de planer. À moins que d’ici la fin mai, le virus ait quitté la scène.

Le concert d’Anne Paceo, intitulé « Voyages » (ce qui, parlant de jazz, est souvent un pléonasme), signait trois ans de résidence à Coutances. Je n’ai jamais bien compris ce concept de « résidence », faute de l’avoir pratiqué peut-être. Il doit y avoir du travail et des rencontres, une liberté dans un cadre, des projets, des résultats. Des belles choses, en somme.

Du coup (quand elle parle , la batteuse Anne Paceo dit souvent « du coup », comme par l’effet d’une déformation professionnelle), j’ajoute ici un extrait de son dernier album, avec un quintette sensiblement différent de celui d’hier soir (musiciens excellents, mes mots s’échaufferaient si je voulais entrer dans le détail), et il devrait y avoir un autre concert cet été. Si tout va bien. Merci (Anne Paceo, à la fin d’un morceau de musique, dit toujours « merci ». Cela n’a l’air de rien, mais pourtant : merci.)

Anne Paceo, Bright Shadows live, Nehanda
Pierre Durand, Julien Lourau, Anne Paceo, Joan Eche-Puig, Benjamin Flament