Les nuages – ces grands sentimentaux – ont des visages très expressifs, un peu à la manière des araignées domestiques qui profitent de l’automne pour regagner les angles du plafond (Odilon Redon en a saisi quelques-unes), il faut pour bien faire savoir lever la tête, on les voit qui nous sourient
Mais le vent, ici, impose un train tout militaire, marche furieuse démentie par le contact du sable sous les pieds (il existe des guérisseurs qui travaillent la plante des pieds pour soigner telle ou telle affection ; ils n’ont sans doute jamais marché pieds nus sur le sable, ou ils ont oublié, ou alors parce que c’est gratuit, quelle horreur)
Parfois, les nuages filent dans le sens opposé au vent apparent : des antimilitaristes, à l’évidence
Écoutons gronder ces opposants irrésistibles à visage découvert
La mer remonte dans douze minutes, précison horlogère congénitale, rien à faire
Toutes ces idées bizarres qui passent par la tête quand on est seul au soleil dans sa fibre polaire sur la peau nue
Les traces de pas s’effacent toutes seules dans le sable mouillé, on entend parler quelques mouettes intelligiblement et les crevettes ont l’air soucieuses. On aimerait pouvoir s’accrocher au poteau comme la sage bernique (ou la moule rieuse) le temps de la marée et, sous son bouclier, rester. Rester
(photos à Hauteville-sur-Mer le 25 septembre, déjà)
et sur les photos on les voit les nuages mais surtout on sent le vent
superbe
Oui, on trouve aussi des bêtes qui étaient déjà là, et qui nous survivront (optimisme) 🙂
Et ça serre malgré moi
d’en être trop loin…
En attendant, merci pour l’encre
des nuages opposants –
et pour la promenade
dans le sable mouillé
…
Certains disent (je l’ai entendu) que le monde est un village… (il y a des quartiers plus agréables que les autres…)
Ah, alors c’est ça peut-être… ce filet d’eau salée qui vient s’insinuer dans mes rêves…
Beau plateau de fruits de mer et ciel : les uns se renvoient des images célestes, les autres des figures marines : un va-et-vient forcément chronométré (je n’ose utiliser ici un métronome) et le résultat n’est pas, heureusement, “bernique” ! 😉
On dit aussi « bernicle », ou « patelle », l’embarras du choix !
Promis juré je n’avais pas lu ce post avant de quêter deux malheureux nuages méditerranéens. J’adore ces cieux qui font de tout banal oeuvre d’émotion non feinte, rendent soudain la vie plus puissante.
Très beau texte d’accompagnement comme toujours.
Ce sont des mers sœurs, si j’ose dire (Manche et Méditerranée), au caractère différent (question de vécu !) 🙂
Je préfère la Manche néanmoins, mais mes pas ne m’y menaient pas cette année.
Merveilleuses images de nuages marins, la dernière plus encore, portés par des mots aussi légers, vaporeux et poétiques qui leur vont si bien. Dominique nous enchante à chaque fois.
Ici, la « nature » était particulièrement photogénique ! Merci Jacques.