L’if commun (mais remarquable) vivant devant l’église de Gratot, dans la Manche, aurait paraît-il neuf cents ans. Les cimetières apprécient la compagnie de ces arbres reposants, représentatifs, en quelque sorte, d’une certaine idée de l’éternité. Les défunts inhumés y trouvent aussi leur compte, emportés comme des microbes par la foule d’un système racinaire sensible et puissant.
En plein vent, les âmes mortes, dont les matières nobles ou molles se sont depuis longtemps transmuées en cellules végétales ligneuses, jouissent ainsi d’une résonnance particulière. Un ébéniste ou un luthier, plus tard, les réincarnera sous les formes d’ouvrage de marqueterie, de manche de couteau, de pièces de jeu d’échec, de bec de flûte, ou bien en touches de manche de guitare.
Là encore, il faudra subir les délicats tourments du hasard. Mais rien ne presse, jeunes gens, rien ne presse.
Rien ne presse en effet.
Majestueux et intemporel qui sait…
Jusqu’où ira-t-il avec son système racinaire ? Jusqu’à la mer ?
En tout cas, il en aura vu des passants, de tous les âges !
La caravane arboricole passe (les chiens aboient timidement), fuyant les “mégafeux” qu’ils subodorent – mieux que nous- à l’horizon.
“If” était aussi un film de révolte : il faudrait en prendre de la graine, s’il n’est pas déjà trop tard (en tout cas, il nous reste quelques photos à fixer)… 🙂
Merci ! Il y avait bien deux ou trois corneilles qui m’ont jeté un œil bizarre… 😉
Je voyage dans un si beau livre ces temps-ci : La vie secrète des arbres, de Peter Wohlleben.
Merci, Dominique. Pour le paisible encore.
Ah oui, merci Caroline. Je me souviens en particulier des passionnants passages à propos du réseau mycélien, des informations qui y transitent, et surtout de l’entraide dont les arbres font preuve lorsque l’un d’entre eux est en difficulté, par accident ou à cause de la vieillesse.
On a du mal à… quitter le livre, en fait.