La voiture est en pilotage automatique, l’Intelligence Artificielle s’occupe de tout. Par exemple, les piétons sont automatiquement détectés, identifiés, avertis, évités, chiffrés. Grâce à quoi la cabine de commande a pu être coupée de sa fonction initiale de surveillance et transformée en tourelle d’observation panoramique – salon de lecture – mini-bar, sièges avant retournés en vis-à-vis de la banquette arrière, ordinateur central polyvalent à multi-sessions. L’été peut mourir tranquille, le ciel par dessus le toit transparent défile comme un bandeau, comme un livre à rouleau, un codex. Dans chaque portière est un bac, des cyclamens ou des colchiques y fleurissent, fleurissent, hydratés par un retour du circuit de climatisation. Le moteur électrique feule sans à-coups, éternuements, couacs ou autres inconvénients. Ça baigne, non ? Osai-je (il faut faire attention à ce que l’on dit, qui pourrait être mal interprété par les écouteurs ambiants et diffuser dans l’habitacle une musique du même nom sous prétexte qu’ils auraient pris des rêves pour des réalités, croyant bien faire, donc). Dans mon coin sont restées des expressions du vieux monde, je gribouille, manie et triture les ♦ quarante poèmes ♦ (en construction, griffons furtifs aphorismes et périls) à en rester baba. Pas de quoi fouetter la queue du chat, en pense ma compagne (j’interprète et, sans doute, déforme ; il n’y a pas encore la possibilité de lire dans les pensées des autres). L’été s’achève et des mots se relèvent et en éveillent d’autres, tout n’est donc pas perdu.

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