Elle avait oublié son gilet sur la banquette arrière. Un gilet fin de couleur vert olive ou café au lait, ma mémoire est vague, en tout cas une couleur en mot composé, à l’exception du rouge sang de bœuf ou du bleu roi, auquel cas je m’en serais souvenu avec la précision du coup de fouet. Allons pour vert d’eau, une couleur de rivière avec des éclats de diamant, à la réflexion.
Elle avait oublié son gilet sur la banquette arrière.
Un gilet couleur gris souris ou café au lait, ma mémoire est vague, en tout cas une couleur en mots composés. Allons pour vert d’eau, une couleur de rivière avec le soleil en oblique qui scintille, à la réflexion.
Je m’en suis aperçu en arrivant à la maison tard dans la nuit. Impossible de faire demi-tour, pourtant les nationales sont d’un abord séduisant les nuits de juillet, vitres ouvertes derrière le pare-brise piqueté d’éphémères. Et les stations-service en souffrance, affectées par l’ennui de ne plus pouvoir parler que par évocations douces-amères. Et l’auto-radio qui cherche automatiquement sans la trouver une fréquence régionale.
Le lendemain j’ai confié le gilet plié doux à la poste, dans une enveloppe à bulles définitivement affranchie. Fin de la discussion.
C’était sans réfléchir au fait qu’un visage était passé près du soleil en provoquant une sorte d’éclipse, comme je le lirais plus tard dans un rayon peu fréquenté de la bibliothèque. C’était sans mesurer que les rivières vont à la mer. C’est étrange, comme les choses les plus simples prennent vie sans prévenir. Au fond, c’était bien, lourd-léger comme un Calder, ou une Valse noble et sentimentale.
Par conséquent, les photos qui suivent ne sont qu’une réponse dilatoire à ce qui vient d’être lu.
(les photos ont été prises à Granville le dimanche 28 février dans l’après-midi)
Très belle marée haute de photos, réponse “natatoire” d’une promenade où l’air du large a encore le temps de sortir en dehors des heures ouvrables et réglementées… 🙂
Merci ! Profitons de ces moments de détente avant l’avalanche scolaire de maître Castex !
J’avais cherché la différence entre fleuve et rivière. Le fleuve va à la mer.
Oui. De la même façon, on parle rarement de « roman-rivière ».
^^
Le ciel aura vingt ans / comme les amoureux hein…
Yes. Mais ça file vite.
Et si j’avais eu plus de temps, j’aurais écrit quelque chose de plus court !
Comme c’est beau, Dominique.
Tout cet espace d’un instant, sur cette musique.
Merci.
Merci, Caroline.
J’aime beaucoup l’ambiance et la douceur des images évoquées dans votre texte. Le gilet était vert-Nil et l’air doux comme un soir d’été. Les souvenirs coulaient comme la marée qui se retire sur le sable tiède d’un soir de juillet. On y est. Le parfum flottant dans la laine de ce gilet pastel, nous accompagnera longtemps.
Merci encore, pour les photos aussi !
… et merci beaucoup pour votre (libre) interprétation, il est vrai que ces « histoires » sont susceptibles d’atteindre un endroit secret, caché dans le for de chacun d’entre nous !
Je suis sans doute incorrigible de romantisme, l’âge ne faisant rien à l’affaire. Et je refuse de me soigner !
Mais ce n’est pas du tout un défaut ! Et puis le ministre concerné ne viendra pas vous faire la leçon par lettre recommandée avec accusé de réception 🙂
dilatoire et… incantatoire.
La température de l’eau n’est que de 8°, encore un petit effort avant les effets natatoires ! 😉