Dans le no man’s land de l’entre-deux-dunes derrière la plage, une pinède en rangs aussi bien ordonnés que l’alignement des tables scellées au plancher du restaurant au fond du couloir où, à l’entracte de la marée basse, viendront dîner les spectateurs du vent par fort coefficient, les yeux pour l’heure globalement requis à l’observation du mouvement gigantesque et vague.

D’où, en recul du gradin, cette espèce de bruissement assourdi dans le retrait du que-fait-on-là, le catimini, la cafeteria, l’odeur de café serré et de vin résiné. On entend des assoupissements et, à la dérobée, les pas, étouffés par la moquette des aiguilles de pin, d’un couple d’ouvreuses ou de machinistes allant en amoureux compter les billets ou dérober la recette.

En tout cas ils auront fait le job. L’endroit n’est pas plein de kleenex et de bouteilles vides, comme dans la chanson qu’on écoutait jadis au fond de la nuit.

Au retour, c’est le plaisir rare et pourtant régulier d’ouvrir le livre d’un auteur dont on croyait le corps épuisé (et dont le premier chapitre, un peu plus haut dans le présent billet, est une contrefaçon douteuse et involontaire). Plaisir de se dire qu’on n’est pas seul à le lire, qu’il existe encore un ami perdu dans la géographie lisant les mêmes phrases au même moment ou presque, avec la même étincelle intime au bord d’une combe du ventre paysage.

Au fond du jardin vit la rouille. La rouille, lente, modeste et domestique. La rouille et toujours son sens du spectacle, inoxydable comme l’habitude acquise de ne pas brusquer les livres.