
Au matin, on ne sait jamais de quel côté, sur quel flanc vont se présenter les mappemondes imaginaires du corps des vaches, des veaux et des génisses, animaux fabuleux quand on dit songe, mers intérieures et forêts aux contours aléatoires, œil en lavogne et petites cornes par au-dessus pour dire : j’y suis (aucune antenne 5G aux alentours ne perturbera leur placidité, dans l’immédiat).
De l’autre côté, la tranchée du talus, coupée à pas de date quand il y avait une ferme sur la colline au versant doux. Et la ferme était là depuis presque toujours, inutile de tourner autour du pot de lait pour comprendre ça. Morcelée, la ferme a disparu. Il en reste des corps.
Une société de plantes indigènes s’y déploie, selon une méthodologie savante qu’il doit être possible de déchiffrer, avec un livre spécialisé dans ce genre de découverte. D’ailleurs, la colline ressemble au corps d’un livre ouvert, dictionnaire ou Pléiade, dont un des pans tomberait ici, et le talus en est la tranche. À quelle page sommes-nous, peu importe.
À bien y regarder, il suffit de prendre son temps, passé l’étonnement, l’admiration, on peut s’amuser à détailler le corps des plantes, comme des graphies dans le corps du livre, des dessins, des figures. Un, deux, trois poèmes en photogrammes, liens uniques infiniment délicats parmi les milliards d’autres possibles.





“L’œil en lavogne”, j’avoue que j’ai dû chercher (sans résultat) dans mon Robert… La poésie bovine est parfois hermétique, mais peut-être que passe pas très loin la Vologne – souvenir de Marguerite Duras !
Les plantes – photophores ou photographiées – ont beaucoup à nous dire : faut-il, là aussi, un dictionnaire ? 🙂
Et bien, c’est un mot d’origine occitane. Par la force des mots (et des choses), question langue (pas que de bœuf) je n’ai jamais été très jacobin 🙂