Elle lisait, droit sur sa chaise avec au bord des lèvres une ombre de café-crème, un livre de Modiano ou de Robert van Gulik (le bon juge Ti la titillait plus que de raison), je n’en suis plus certain.

C’était dans une autre ville, la mémoire me joue un tour et de toute façon cela n’a pas d’importance ; elle lisait, déjà au bord d’un autre monde, réécrivant mentalement une histoire à venir, parallèle et simultanée, force vents et marées ; avec au creux du cou une chaleur douce à mourir.

C’était dans une autre ville, Dinard ou Saint-Malo, Saint-Lunaire ou Paramé, allez savoir.

Mais Éric Rohmer est mort, comme dans la chanson, et la mer, dans son infinie reconnaissance et sa perpétuelle innovation remonte, aux marées favorables, les vestiges bizarres et décalés des vœux inaccomplis. Allez comprendre.

(photos : à Granville le 14 août 2019)