J’avais écouté René Guy Cadou une partie de la matinée (c’était avant qu’un météore n’éclaire le ciel breton, et tout autour semble-t-il)

et puis on est allés aux mûres pour se noircir les doigts (et zébrer les mollets)

Les mûres n’ont pas besoin de cette délicate Hespéride pour se défendre, elles le font bien par elles-mêmes. Le roncier est plus menaçant que le meilleur fil de fer barbelé (appelé d’ailleurs dans l’usage rural ronce artificielle).

Je n’ai pas souvenir, enfant, d’après-midi passées à la cueillette. La mémoire est défaillante sur ce point. Pourtant j’imagine mal ma mère, instruite à la campagne jusqu’aux prémices de sa vie adulte, se dispenser d’une occupation de saison qui lui ressemblait tant.

Par conséquent je lui dédie ces (trop) nombreuses photos d’un dimanche qu’elle reconnaîtra peut-être, dans son ailleurs indéfinissable, si proche et si lointain.

(et puis la brume est venue, à force de chaleur et à mesure de l’avancée du soir ; il était temps de rentrer

aussi, le noyer mort est toujours debout)