Grise, grise, la pluie d’été, vaporisée avant même de toucher le sol. Des gouttes, énormes, en blocs, flocs fantômes ; le sol est déjà sec. Les ravines, rigoles de sable sur le bitume chaud, remontent le temps à contre-courant. Ce n’est pas encore l’été, le ruissellement semble avoir eu lieu à l’envers, comme, des images d’Épinal de la théorie libérale, la vérité crue. N’empêche : d’immenses flaques, en pleine rue, permettent aux dames d’envisager un joli détour. Quoi d’autre, pour esthétique ? Les messieurs, tête baissée, de piétiner dedans : — Ma bombe atomique est plus grosse que la tienne.

La météorologie ne se résume pas au seul ciel privatisé de Roland-Garros, avec son petit avion caméra-espion ridicule. À l’horizon, une éclaircie, trois ou quatre cents kilomètres plus loin. Éclaircie ou explosion ? À pied, cela doit faire une trotte.

Une trotte, dans les rottes, parmi les détritus sauvages vers un plateau karstique où, sous une doline et des milliers de gouttes, s’approfondit une grotte. Quelques spéléothèmes y statuent sagement sur l’avenir de leur goguette millénaire dans un silence vertigineux. Quoi d’autre, pour mystique ? Hélas, « Nous fûmes dans l’habituel cul-de-sac, devant les boyaux impraticables, c’était fini », Chez-Quéret dans La Grande Beune. « Comme vous pouvez le voir, dit-il, il n’y a rien ». Des parois vierges et des murs blancs comme le cou de la Dame de Brassempouy, ou comme ses cuisses, si on les avait retrouvées, et pour rester jouer dans l’emprunt à Pierre Michon ; tout est à recommencer. À compter de ce jour, tout est ZAD alentour, et au milieu aussi.