On avance. La pluie a fini par briller par son absence, et de mille feux sous la coulée jaune du soleil retrouvé. Si l’âme existe, à la fin elle doit vaciller, comme les gouttelettes aux branches les plus basses de l’arbre immuable, et se dissoudre dans l’humus du souvenir. Mais ce ne sont que des mots (le pas prudent, rythmé mais non cadencé, à marcher sur des œufs bille en tête, est un ouvrier de la phrase ; belle un moment, elle s’envole et s’évapore en partie, laissant place à une autre ; n’en restent, le soir, que des empreintes ; charge à soi de les reproduire tant bien que mal) on a trouvé un abri où se détendre, boire un verre. Celui de la fenêtre est assurément d’époque, déformant les arbres sans âge du jardin qui s’envisagent dans la brume. Dans un patio, à l’abri sous les tilleuls, un thé en sachet dans une eau chaude. Une femme anonyme longe la lumière et sort dans une ombre pictorialiste à la Robert Demachy (comparaison à la gomme, mais bichromatée ; on parlerait maintenant de photosites). Mais quand même, cette femme qui part… Joue contre joue, et le destin pressé un instant prend la pose, chantait-il.