À ce point du récit, ils se regroupèrent au bas d’un champ en lisière de la forêt des Vallières, et constituèrent, autour d’un chablis, une tablée. Ainsi disposés ils boivent à l’unisson et partagent pain, fruits, des en-cas. Souffrant de chalarose, le feuillage roux d’un frêne encore debout, soustrait à l’arrachage, fait modestement écran à l’averse. Des silhouettes liquéfiées, aux couleurs affaiblies, confondues avec les frondaisons à l’entour, seuls les visages ressortent ; dans la lumière pauvre s’éclairent les faces, dont les reliefs creusés témoignent du chemin parcouru. Hors-champ, un amas de sacs à dos de couleurs vives simule la flambée.
Le matin même, dans le parc de Rentilly, un petit garçon, accompagné d’un homme qui semblait être son grand-père et tenait haut le parapluie, observait attentivement le tronc scié d’un épicéa rendu instable par la maladie. Ils avaient procédé au décompte des cernes, avec pour résultat le nombre 357. Par conséquent, il n’était pas farfelu de penser que l’arbre avait vu le jour l’année de la prise de pouvoir de Louis XIV. Mais, un jour ou l’autre et quel que soit le règne, des têtes tombent.