(en cliquant sur la photo, l'« accord » apparaît)

Il a fallu, d’un disque dur moribond extraire le suc et faire le tri, exactement comme, lors d’un déménagement, on se débarrasse des vieux livres devenus encombrants (plus rarement des vêtements, qu’on use généralement jusqu’à l’accident textile) ou, même sans déménager, quand leur abondance met en péril l’équilibre du lieu, et là qu’en faire, qui en voudra, où aller ? De ce disque, donc, récupérer l’essentiel, s’apercevoir que plus de dix ans de photos pèsent moins lourd que quelques heures de vidéo HD (qui passeront à la trappe), par conséquent se dire avec joie qu’il sera possible de les garder toutes, chic.

En jetant un œil rétrospectif sur les photos, une teinte ocre m’a surpris en début d’année 2010, mois de février. Il serait facile, en croisant avec les archives papier, de savoir ce dont il était question, mais le flou des personnages au moment du salut à la fin du concert (tout le monde semble avoir le sourire, à l’exception notable du violiste, étonnamment hiératique), où je ne reconnais personne (j’en étais pourtant bien proche) si ce n’est, sous le « ci-gît » (dont j’ai aussi oublié le nom) de l’église de Bry-sur-Marne, la silhouette tremblée d’Hélène Dufour, claveciniste du Capriccio Français, me fait penser – bien involontairement – à certains portraits de Gerhard (et non Karl) Richter ; le flou donc m’a rafraîchi la mémoire vers une musique paradoxalement très précise dans sa notation, peut-être une cantate de Bach (je ne prends pas beaucoup de risques) interprétée légèrement et avec netteté, je n’en doute pas (Hélène Dufour), et la photo de l’accordeur venu régler le positif avant le concert est une clé supplémentaire dont je ne me servirai pas pour éclairer ma lanterne, ou déjaunir les vieux souvenirs, quitte à reculer de quelques pas pour mieux voir la précision du tout.