Il n’est pas interdit d’aller chercher le réconfort du côté des morts. Omonville-la-Petite (il y en a donc une Grande), à moins de cent kilomètres (« à vol d’oiseau », il n’est pas précisé lequel) est une destination moins extravagante que la terrasse de la brasserie, seul derrière son masque et les mains enduites d’un gel hydroalcoolique anonyme.

On en fait le tour par les chemins en une petite journée (elles sont longues en ce moment, et les arrêts sont fréquents : c’est une marche omnibus) avec de quoi becqueter dans le sac à bretelles. Sans crainte du ridicule et des bêtes sauvages (hirondelles, veaux, et même un blaireau), on déjeunera en petite tenue, allongés sur l’herbe. Curieusement, il n’y a personne, à portée de jumelles des cheminées de l’usine de traitement du combustible nucléaire de La Hague ; les récits de Volodine sont nettement plus peuplés. La maison, et son petit musée, sont fermés. Sagesse populaire.

Le cimetière est un jardin, comme prévu. Les poètes sont des jardins à miroir. Parmi les quidams, quelques noms réconfortants poussés là pour la cueillette du jour. Alexandre Trauner (le décor tiendrait peut-être tout entier dans les studios de Billancourt). Au retour, la mer est remontée (sans excès) contre la butée du port (qui porte le nom de Racine, respect augmenté), départ et fin de la boucle. Repos. La fatigue commence par les pieds, puis remonte délicatement le long des mollets, des cuisses et des hanches. La fatigue est bonne fille, au fond (c’est une parole en l’air, et il y a toujours trop de photos, hélas…)