En allant vers le nord, en allant littéralement par monts et par vaux sur la commune de Doville (dont le nom a touché Proust encore plus haut géographiquement parlant, et au bord de la mer – volonté de brouiller les pistes ?), je ne pensais à rien de bien intéressant et surtout pas à ce que j’allais écrire ici. Ou alors, et puisque ce sont des lieux connus intimement du vieux Barbey (dont ma lecture remonte à l’antiquité, mais que je ne pouvais décemment pas exclure du paysage), peut-être aux landes et plateaux calcaires traversés par les personnages de Jacques Abeille, de lecture plus récente et surtout plus rapprochée, et même si Julien Gracq, José Corti et jusqu’à Bernard Noël semblent n’être jamais intervenus pour encourager la lecture de ses livres, en tout cas de ses livres « post-érotiques ». Quoi qu’il en soit, tout ce beau monde était absent de mes pensées dans les quinze kilomètres de cette boucle autour du marais au nom approprié de Sangsurière, marais que l’on n’aperçoit d’ailleurs jamais, ou alors de très loin, à l’instar de ces lieux semble-t-il inatteignables que sont le Désert des Tartares, le lac de Grand-Lieu ou le Rivage des Syrtes. Par conséquent il y aura quinze photos travaillées par le Temps, celui-ci méritait bien cet hommage avant de retomber dans l’oubli, puisque là est son sens et son sel, sa douceur parfois.
Il est vrai que ces photos ne manquent pas de sel (argentique) et que les allusions à Barbey – pas celui qui déconfine tout à trac les couleurs de son attribut en forme de bouc – et que la promenade grâce à la couleur binaire choisie est empreinte d’un mystère indéniable.
S’il y a un marais dans le coin, c’est peut-être une annexe cachée du BHV… le “bricolage” esthétique dépend, au final, de la créativité de celui qui s’y lance, s’y plonge (et sans s’y noyer) sans en faire tout un cinéma ! 🙂
Je n’avais pas pensé au grand dadais havrais à la gomme (bichromatique), mais maintenant que tu le dis… 🙂
un territoire chargé et enrichi de lectures (comme en surimpression), mais qui se défend aussi très bien tout seul tel quel (en tout cas à travers vos photos)
Vous avez raison et tout compte fait, pour paraphraser Audiard, C’est curieux, chez les marins, ce besoin de faire des phrases… 🙂
le lac de Grand-Lieu m’apparaît moins inatteignable que les deux autres sites (remonter jusqu’à l’antiquité pour la lecture de Barbey me semble anachronique :°)) mais enfin) (j’avais aimé sa nouvelle sur la tête d’un condamné qu’on lui coupe en lui demandant de cligner de l’oeil deux fois pour indiquer s’il vivait encore ensuite – il cligne, oui, mais une seule fois) cette quinzaine d’images d’un peu de ce caractère m’y font repenser (la veuve noire,sans doute aussi…)
Ah mais si, B. d’A. pas lu depuis la terminale ! (donc pas mis de majuscule à antiquité non plus, si tu vois ce que je veux dire). On m’en a offert récemment (après le déménagement) deux tomes dans une belle édition, vais quand même m’y mettre avant l’hiver (le mien).
Le lac de Grand-Lieu, j’ai dû l’attaquer par la face nord, ébloui avant d’en voir la première goutte. Non mais vraiment, c’est un peu comme la mer d’Aral, non ?
Merci d’être venu faire un tour par ici…