En sortant de l’hôpital de Saint-Lo — il porte le nom sonore de Centre hospitalier Mémorial France – États-Unis — titre qui pourrait susciter une certaine méfiance voire provoquer l’inquiétude, n’étaient le calme et la précision de ses soignants, ceux-ci laissant naître heureusement une confiance que celui-là aurait a priori révoquée (on serait donc si sensible au nom des lieux ?) mais nous serons certainement appelés à nous revoir, autant donc rester sur une bonne impression ;

(à partir d’ici, et sur quelques images seulement, un clic amplifie la photo…)

… ce fut un plaisir de revoir les portraits troublants et scrutateurs du sieur Jean-François Millet au musée Thomas-Henry de Cherbourg, qui par ailleurs abrite quelques scènes touchantes, propices à vous travailler de l’intérieur sur une palette d’émotions contrastées, comme on dit à l’école et comme on fait à l’hôpital mais ici en toute discrétion, visite sans chronologie revendiquée où s’affichent, parmi quelques rares stars, de remarquables inconnus, c’est ainsi dans tout musée de province au charme indicible,

Pauline Ono en robe bleue, vers 1841

Fra Angelico, La Conversion de Saint-Augustin, fragment
Adolphe La Lyre, Les sirènes visitées par les muses (détail), 1912
Léon-Gustave Ravanne, Entrée de l’escadre russe dans le port de Cherbourg le 5 octobre 1896 (détail)

Après une visite-promenade d’une heure et demie où nous étions huit masques, en impliquant les deux gardiens et la libraire – vendeuse de billets (on attend l’énarque lambda qui passera un jour par hasard, demandera le livre de comptes, descendra sans attendre au compte de résultat et s’exclamera mais vous nous coûtez un pognon de dingue ou autre formule apparentée, à l’issue de quoi un audit comme à l’hôpital, comme à l’entreprise, vente au privé, démantèlement et ainsi de suite), direction Vauville et son anse, plus à l’ouest, avec en mémoire les visages et les corps, ceux sur les murs et ceux qui les gardent, pour leur faire prendre l’air et des forces pour l’avenir,

Il n’est pas difficile de faire abstraction des deux sites nucléaires aux superstructures visibles en tout lieu à l’horizon des collines, le troisième en face est mobile, surpuissant, et son danger propose un terme plus lointain, à une époque où l’humanité — ou ce qu’il en restera — se sera confondue avec le paradis des formules mathématiques.

Dans l’attente, venu des îles ou des dunes, gratuit et désobéissant, un vent léger caresse la falaise.