Au retour de Carolles et de sa falaise (comme Paimpol et sa paimpolaise), un paysage paradoxal, instant géologique évoquant à la fois un avant-monde et son devenir proche (le compte à rebours est en cours et le sable du sablier est épuisable, comme on sait),
, l’orage, sa rouspétance.
Les femmes du Faou étaient terrorisées par l’orage. Plus que par Dieu lui-même, plus peut-être que par l’idée de la mort, du moins en apparence. Chez grand-mère, dès le premier coup de tonnerre, avant même que de grosses gouttes éparses éclatent de-ci de-là, avant la bourrasque tonitruante, il fallait en courant fermer volets et fenêtres, s’éloigner de la cheminée et du poste de radio ou du meuble de télévision puis, au milieu du mobilier, s’immobiliser. Si nous n’avions pas été là, à l’évidence grand-mère se serait recroquevillée derrière la porte du cagibi sous l’escalier.
Lorsque l’électricité se coupait après l’éclair (« la foudre a dû tomber sur le transformateur de Ty Jopic ! ») il fallait alors allumer les bougies, et nos silhouettes, et les objets du quotidien, s’animaient en d’effrayantes déformations tremblotant sur le papier peint et les murs chaulés.
Ces craintes hélas n’existent plus. Désormais, quand la lumière vient à manquer, une batterie de lampes électriques pourvoit au quotidien. Les bêtes sacrées – plumes, poils, cornes, danses, mouvements – peintes avec les doigts sur les murs de la caverne ne font plus peur à personne. Ça parle d’autre chose.
Pour les plus fragiles, les gueules cassées, les souffreteux, les cacochymes, les débiles ou les moins civilisés d’entre nous, on en est quitte pour une peur bleue. Et d’autres bêtes, d’autres cornes, de s’inquiéter doucement sur le haut du talus.
ces craintes là n’existent plus ? oh que si ! (au fond je dois être une femme du Faou, ou cela me reste de mon enfance au Conquet)
Ah vous me rassurez ! J’avais cru constater une baisse d’un cran dans ce type de manifestation 🙂
Géologie et géographie des logis…
Faou… Fouesnant : autant de noms qui peuvent voleter quand l’orage gronde. La “fée électricité” a-t-elle encore de beaux jours devant elle ? La moitié du parc nucléaire français (26 ou 28 réacteurs) est à l’arrêt ou en visite technique : les prosélytes de la chandelle, autrefois moqués par Macron 1er, vont devoir battre à nouveau le briquet !
L’avenir est riant, Macron a choisi la Castex qui lui convenait.
Bref, regardons ici des photos splendides, lisons de la belle littérature… même si la politique baisse, dans sa “transition” immobile, de niveau – comme la mer. ;°-°
Merci pour ton riche avis globalement optimiste !
Castex jouait la montre, Borne va sûrement poser des limites !
😉
Cet arc-en-ciel
dans les yeux des vaches…
Quant à l’orage…
Petite, par la fenêtre entrouverte,
j’aimais quand la pluie tombait plus fort que fort sur le bitume et les pissenlits.
Dans une maison pleine d’enfants, elle était belle comme le silence.
…
Merci Caroline pour cette belle évocation.
Les vaches dites de race normande ont pour particularité de porter des lunettes marron autour des yeux. On les distingue ainsi de la Holstein, par exemple. Je ne sais pas si cela leur donne un air plus intelligent, en tout cas lorsqu’elles apparaissent sur le haut du talus j’ai toujours une pensée vers les peintures rupestres qui subliment les animaux en général. Certains historiens refusent toujours d’y voir une forme d’art, pour des raisons qui m’échappent mais qui à mon sens ne les grandit pas.
Que de souvenirs ! Ma grand-mère nous a “appris” la même chose, si bien que, n’ayant jamais pu comprendre la source du danger, il m’arrive encore, pendant un orage, de me demander si je ne suis pas inconsciente de ne pas me plier à ce rite.