Derrière la haie, ce no man’s land décrété, tout est provisoire, quel que soit le point de vue nous sommes tous dans l’attente d’un aménagement de peine, comme les femmes des Baumettes qui dansèrent avec Angelin Preljocaj, révélateur
Et tout autour du champ, des totems, figures debout, un sacré paysage de regards est offert à l’ambulant muni de sa fiche dérogative dûment cochée à la case détente, où ne pas appuyer trop fort, pas plus d’une heure
Un fil de fer barbelé, de la ronce artificielle doublée d’un fil fin mais électrifié, tient l’ensemble du bétail à l’œil, et les figures regardent au loin entre leurs vides, du lierre s’échine mais a du mal
Les génisses ont pris la clé des champs ou la route de l’abattoir, seules restent les statues, comme des dieux tristes et inutiles ou des stèles funéraires, on aimerait y accrocher des poèmes jusqu’au prochain coup de vent, ou se faire inhumer par en-dessous en cas de tempête, faire don de son corps aux coquelicots et aux pâquerettes, ce serait chouette
…
Le téléphone filaire (avec des poteaux, toujours en bois, mais un peu moins élevés) a donc encore de l’avenir. On reste fixe chez soi : il est donc le plus à même de nous servir et on ne sera plus surveillé à l’extérieur.
Le retour des cabines téléphoniques – avec lits verticaux de réanimation à l’intérieur – est également à l’étude pour suppléer le manque criant de matériel : l’hôpital de campagne national, célébré sur toutes les ondes (capacité : trente lits, c’est énorme !) verra ainsi fleurir des milliers d’installations concurrentes et utiles. On pourra se faire soigner tout en téléphonant, “en même temps”, à ses proches ou lointains pour les rassurer.
Merci pour ce texte et ces photos suggestives ! 🙂
Je reviendrai bientôt vers les poteaux en bois qui tiennent les fils en cuivre ! Question masques, on est revenu à l’âge de pierre, à l’évidence…