Ils sont partis au camping. C’était un peu plus cher qu’ailleurs parce qu’il n’y avait pas d’animations, pas de jeux, pas de wifi, pas de piscine, pas de jacuzzi ni de spa ; c’était le prix à payer pour la tranquillité semble-t-il. Ils n’ont pas eu l’impression de s’être fait avoir, c’est comme pour les vêtements qui n’ont pas Nike ou Adidas écrit en grand sur le dos ou sur la cuisse, forcément c’est plus cher. De toute façon s’ils étaient vraiment riches ils seraient venus en vélo, mais les chemins et les routes sont trop dangereuses.

Non. En vrai, on est allé voir des amis qui passaient une semaine de vacances au camping. Ils avaient un petit bateau qui permet de frôler les rochers, voir ce qu’ils ont toujours à nous dire, est-ce qu’on arrive encore à les entendre.

Quand j’étais gamin, on se moquait gentiment des gens qui partaient dans une maison de vacances à 20 km de chez eux. Mais quel intérêt, on disait. Comment tu veux te reposer sans changer d’air.

C’étaient des commerçants, des médecins, des professions libérales. Et c’était surtout une façon d’ironiser pour tenir ce monde-là à distance. Pour garder la main, peut-être. Inverser les rôles.

Et puis il a fallu rentrer. La voiture a fini par accepter de démarrer. Elle était bien contente elle aussi. Sur la bande FM il y avait une chanson plus toute jeune, nostalgique et géniale. J’ai pensé à d’autres voix saisissantes ; Émilie Dequenne, Emmanuel Mouret et les autoradios avec PO/GO écrit dessus. Les éléments en place sur la terre comme au ciel avaient l’air de dire, les temps changent. Et pourtant ces grands essaims de clarté, là-bas. C’était chic.