Drôle de coïncidence, lors d’un récent périple dans le Lot. Au retour d’une promenade entre deux causses, dans le creux apaisant d’un vallon (cela commence comme un texte romantico-naturaliste ; sans doute un affleurement de nostalgie — comme on dit d’une rivière souterraine qu’elle affleure la couche calcaire — nostalgie des cours de géographie du Primaire où l’on apprenait comment lire une carte, ce qui avait pour effet dérivé, la plupart du temps, de créer des paysages mentaux plus ou moins fantaisistes), alors qu’on s’attendait à voir couler la Dordogne en toute splendeur, c’est le flux tranquille d’un canal qui apparaît sous les yeux. Un canal… non ce n’est pas possible (on entend d’ailleurs la rumeur d’un rapide, ou d’un déversoir, par delà les feuillages). Alors c’est une île. Une île sur la Dordogne ? Une île moirée vert foncé – vert d’eau comme une jangada. Un pas de plus et apparaîtrait dans la moiteur tropicale — on frise aujourd’hui les 36 degrés — Jean Galmot fouillant la rivière en chercheur d’or. Un instant plus tard, je me voyais revenu dans la lumière douce et dorée du Bassin parisien, vers Isles-lès-Villenoy à côté de Meaux, là où les canaux se frôlent, se croisent même, et longent la Marne qui parfois déborde en plein été…

… alors qu’en se retournant vers les maisons riveraines, l’architecture ouverte sous les tuiles dorées d’une lumière méridionale prouve le contraire. On aurait donc, en quelque sorte, rêvé ?

Il fallait faire vite, contre toute attente nous étions, paradoxalement, pressés. De toute façon il était trop tard dans la journée pour envisager une visite plus sérieuse.

Juste le temps, avant de partir, de deviner un clin d’œil discret de la part du tympan de l’église, avec sa mandorle allégorique illuminée d’une rencontre heureuse.

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Photographies : Carennac, le 21 juillet 2021