L’espace d’une ou deux secondes, entre mairie, salle des fêtes et lotissement, la boule est une extension de la main, les nerfs restent liés par l’esprit à sa trajectoire et à son suspens, courbe irrésistible vers le sable irrégulier au milieu de quoi et sous forme de but, l’objet désiré. Il y a une beauté du geste amplifié, comme dans tous les sports de tir : lancer du javelot, tournoiement du marteau, pirouette cacahuète, bouteille de bière à choper par le col, cigarette penchée au cendrier aveugle, dernière touche d’huile d’olive au-dessus de la salade, premier baiser d’été endiablé ou l’inattendu posé sur une page blanche ; c’est du pareil au même, on ne réfléchit plus car il ne se passerait rien. On dirait même que cela vient du ventre, sis là depuis longtemps sans qu’on s’en aperçût, comme on se lance à vif pour sauver quelqu’un de la noyade ou des griffes d’un chien. Ou comme certaines grappes de notes de guitare : c’est de la fantaisie, et c’est du sérieux. C’est du temps, et c’est de la résistance.

Par conséquent, même si le lien de causalité ne tombe pas du ciel, un clic sur les photos enclenchera aujourd’hui une palette de verts, seul vrai luxe. On en vient là : aimer les gens ça ne s’explique pas sinon ça sonne faux.

 
 
 
 
 
Tchavolo Schmitt, Valse à Dora, ft. Samy Daussat, Costel Nitescu, le 20 sept 2008 au théâtre de l’Alhambra)