À Pirou, dans la Manche, dans la venue du soir et dans les rues, allées et venues de passants promenant. Vitrines illuminées et terrasses chauffées au gaz de ville. Dans une cour, un arbre semble s’être réfugié là comme le dernier de son espèce, à bout de souffle, ébouriffé, haletant. En quarantaine avant l’arrivée des scientifiques, puis des médias.

À la faveur d’une marée à fort coefficient, l’estran s’est élargi démesurément. À l’horizon, un ciel clair ou un ciel orageux, difficile à interpréter. Il fait toujours plus doux ou plus colérique ailleurs qu’au-dessus de sa tête. La profondeur de champ est variable, fluctuant au gré du contraste. L’île de Jersey – île aux trésors – reste une menace dans son assoupissement. Comme souvent, dans ce désert de sable et de vase, à perte de vue, là où il n’y a rien, on trouve le tout. Le repos, celui des marins ou celui des cendres. L’ouverture aux défunts qui sont, comme on le ressent à l’allonge, plus présents après leur mort que de leur vivant.

 
 

photos: Pirou, le 31 oct. 2019